L’erreur à éviter pour faire des meilleures anamnèses en sophrologie

Beaucoup de sophrologues en fin de formation ou débutant·e·s redoutent l’anamnèse. Parmi toutes les erreurs possibles, il y en a une que tu peux utiliser à ton avantage...

L’erreur à éviter pour faire des meilleures anamnèses en sophrologie

Apprendre est le simple fait de se souvenir.

Beaucoup de sophrologues en fin de formation ou débutant·e·s redoutent l’anamnèse... Faisons un petit détour avant de rentrer dans le vif du sujet.

Un homme, vêtu d’une tunique blanche, discute avec ses disciples dans une prison. Nous sommes dans la Grèce antique.

Sa mort est imminente, mais il est calme et explique que l'âme se souvient des vérités éternelles. Cette réminiscence prouve que l'âme est immortelle. Et apprendre, pour lui, consiste avant tout à se souvenir de ces vérités, plutôt que d’absorber des “nouvelles” connaissances.

Il accepte sa fin avec sérénité et ses disciples trouvent réconfort dans sa vision du monde.

Cet homme est Socrate dans “Phedon” de Platon. Et cette réminiscence est l'anamnèse, qui a maintenant le sens commun de "retour à la mémoire du passé vécu".

Dans le contexte de la sophrologie, l'anamnèse marque le début d’un accompagnement ou d’une séance. C’est un moment clef pour le client et le sophrologue.

Pourquoi l'anamnèse en sophrologie est si importante ?

Lors de la première séance de sophrologie, l’anamnèse est un moment d’échange primordial. 

Elle a trois objectifs principaux.

  1. Construire une relation de confiance avec ton client
  2. Comprendre son objectif, le problème rencontré et le contexte
  3. Commencer à définir les grandes étapes de la séance ou de l’accompagnement.

Pas mal de choses peuvent mal se passer. Mais je vais me concentrer sur une des erreurs qui peuvent mettre en péril l’efficacité de l’accompagnement :  les jugements que tu peux faire et des préjugés qui vont influencer ta compréhension de la situation.

Qui n’a jamais fait d’erreur de jugement ?

Si un client partage une expérience difficile et que tu réagis avec surprise ou désapprobation, même subtilement, cela peut être perçu comme un jugement. Souvent, on parle de jugement de valeurs.

Lorsque tu juges de cette manière, tu crées une atmosphère de méfiance. Il se sentira incompris, potentiellement rabaissé face à toi. Ça nuira à la qualité de ton travail.

« Juger, c’est, de toute évidence, ne pas comprendre. » *

Ces jugements de valeurs se basent généralement sur des préjugés, des idées préconçues que l'on a avant même d'avoir entendu quoi que ce soit.  Elles sont soit positives, soit négatives.

Une photo d'une statue représentant la justice les yeux bandés
Est-ce-que ton jugement peut être aveuglé par tes idées préconçues ?

Elles se basent sur tes expériences personnelles, tes valeurs ou croyances. Tu peux les voir comme des filtres qui transforment la perception que tu as de ton client, de sa situation et de son objectif.

Ces préjugés influencent la manière dont tu interprètes ses réponses. Elles peuvent conduire à des conclusions erronées et des accompagnements inefficaces.

Prenons un exemple : 

Une jeune femme, ingénieure dans l’aéronautique, vient pour une séance. La sophrologue, Mathilde, suppose que cette personne, en raison de sa formation scientifique, sera sceptique et peu réceptive aux techniques de relaxation et de visualisation

Mathilde décide donc de les simplifier, un peu, beaucoup, trop. Les séances sont moins efficaces et moins engageantes pour sa cliente qui déborde d’imagination…

Techniques pour éviter les jugements

Pour éviter de juger ton client, tu dois adopter une attitude neutre et bienveillante. Et si tu cherches sur Google comment rester neutre, tu trouveras rapidement deux conseils.

  1. Pose des questions ouvertes pour encourager le client à s’exprimer librement. (ou l’inverse  :  utilise une grille de questions ultra-détaillées que tu auras relue des dizaines de fois).
  2. Reformule les réponses pour vérifier ta compréhension.

Ce sont des bonnes techniques, mais elles ne sont pas suffisantes. Tu peux tout à fait avoir un jugement de valeur en reformulant une réponse. 

Souviens-toi aussi que lorsque tu communiques, en dépit de tes meilleures intentions, c’est ton interlocuteur qui décide si ton message est bienveillant, neutre et empathique, en fonction de son vécu, et de ses propres préconceptions.

Mais alors, que faire ?

L'anamnèse comme outil d’introspection pour les sophrologues ?

L’anamnèse est dédiée totalement au client. Il n’y a aucun doute sur ce point. 

Mais si tu ne connais pas ton propre mode de pensée, comment être sûr·e qu’il ne va pas interférer avec ton travail, ta neutralité ? Il suffit de se poser une question...

Un miroir avec le visage d'une femme les yeux fermés
Er ce n'est pas celle qui commence par miroir, miroir...

« Comment est-ce que je le sais ? » ou la question miracle !

C’est ma question préférée, tant pour les clients que pour moi-même.

Reprenons l’exemple précédent avec notre ingénieure. Lisons dans les pensées de Mathilde.

Cette personne doit forcément avoir un esprit très rigide à cause de son métier. Je vais simplifier les visualisations.

Mais, finalement, comment suis-je sûre de mon hypothèse ?  Comment est-ce que je sais que c'est vrai dans CE cas précis ?

Passer d’un préjugé a une présupposition

Ce qu’elle vient de faire est très important.

Grâce à la prise de conscience d'un préjugé qui limitait sa capacité à être une sophrologue efficace, elle découvre sa meilleure alliée, une présupposition.

Une présupposition qu'elle va explorer avec sa cliente pour confirmer ou infirmer son hypothèse.

Il faut bien sûr rester à l’écoute tout en ayant cette démarche intérieure. Le maintien de la connexion est crucial.

C’est pourquoi tu utiliseras des signaux verbaux et non verbaux pour montrer que tu es présent·e et intéressé·e par ce qui est dit. Et si tu as besoin de faire une pause pour réfléchir, mentionne-le à ton client, il le comprendra.

Très bien, mais que faire des erreurs passées ?

« Le temps perdu ne se retrouve jamais » ** mais tu peux travailler sur toi pour les ne pas les reproduire. Voici comment tu peux y parvenir :

  1. Réfléchis à tes séances précédentes et identifie les moments où tu as jugé tes clients, de manière positive ou négative.
  2. Demande-toi comment tu pourrais aborder ces situations différemment à l'avenir.
  3. Qu’as-tu appris ?
une horloge sur un mur. à sa gauche le texte : Il est toujours temps d'en apprendre plus sur toi-même
Il y a du vrai dans ce que Socrate disait.

Comme toujours, fais preuve de bienveillance à ton égard. Nous faisons tous des erreurs, mais le fait que tu sois prêt·e à remettre en question ta vision du monde est formidable !

Anne-sophie en écriture cursive

À très bientôt.

*André Malraux, Les Conquérants.

** Peut-être Jules Renard ?

FAQ 

Qu'est-ce que l'anamnèse en sophrologie ?

L'anamnèse est le processus de collecte d'informations sur l'histoire personnelle et les objectifs d'un client. Elle permet de comprendre les besoins spécifiques et de préparer les séances en conséquence

Quelle est la durée idéale d'une anamnèse ?

La durée peut varier, mais en général, une anamnèse initiale dure entre 30 et 60 minutes. Cela permet d'obtenir suffisamment d'informations sans que la personne se sente pressée ou inconfortable.

Pourquoi l'anamnèse est-elle si importante en sophrologie ?

Elle permet de construire une relation de confiance, de comprendre les objectifs et les problèmes du client et de définir les grandes étapes de la séance ou de l'accompagnement.

Comment les préjugés peuvent-ils influencer l'anamnèse ?

Les préjugés peuvent influencer la perception que le sophrologue a de la situation, menant à des interprétations erronées, des accompagnements inefficaces… Ils peuvent créer une atmosphère de méfiance. Ils peuvent être positifs ou négatifs et se basent sur des expériences personnelles, des valeurs et des croyances. Ils agissent comme des filtres modifiant la perception.

Comment transformer les préjugés en alliés lors de l'anamnèse ?

Les préjugés peuvent être transformés en hypothèses, en présuppositions, pour poser les bonnes questions ouvertement. Cela permet de mieux comprendre le client sans jugement hâtif.

Pourquoi est-il important de rester à l'écoute de ses propres questionnements en tant que sophrologue ?

Être conscient.e de ses propres questionnements permet de rester présent tout en évitant les jugements de valeur. Cela aide à maintenir une attitude neutre et à mieux comprendre la situation, l'objectif et le problème de ton client.

Quelles techniques adopter pour éviter de juger un client ?

Adopter une attitude neutre et bienveillante, poser des questions ouvertes, reformuler les réponses, et utiliser des signaux verbaux et non verbaux neutres pour montrer son intérêt et sa présence.

Anne-Sophie

Anne-Sophie

sophrologue certifiée RNCP

J'aide les sophrologues à développer leur activité sereinement et efficacement.